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Luxe : redécouvrir la lenteur

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Après un stage de six mois au sein d’une entreprise du secteur luxe, où « le manque de temps chronique transformait chaque jour en une lutte effrénée dénuée de sens », Tiphaine Illouz (diplômée du programme de management de l'IFM en 2012 après avoir fait des études d'architecture), a ressenti la nécessité de « donner à voir les vertus du temps long et de défendre l’idée d’un luxe qui, pour avoir du sens, se doit de prendre le temps ».  D’où la création du blog Les Temps du luxe, qui propose des portraits et entretiens avec des artisans, créateurs, penseurs... sur leur rapport au temps.

Tiphaine Illouz dit s’intéresser au « temps de la fabrication d’un objet, reflet d’un savoir-faire ancestral et de l’entière attention d’artisans passionnés ». Ce temps « humain et vivant », à l’opposé d’un « temps forcément productif et réducteur », est celui  qu’il faut à l’artisan ou au producteur pour « se former, faire les rencontres nécessaires, acquérir une main et finalement, se trouver lui-même ». Cette idée du luxe, qui cultive de fortes affinités avec le temps long, concerne tout aussi bien la mode que la gastronomie, la beauté, le design, l’architecture, le vin...

Cherchant à faire partager son émotion face au « bel objet qui a su emprisonner ce temps précieux qui nous échappe inexorablement », Tiphaine Illouz va ainsi à la rencontre de Cédric Casanova, ce Franco-Sicilien bien connu qui vend d'excellentes huiles de Sicile dans sa boutique La Tête dans les Olives (rue St Marthe à Paris 10e), et qui propose « autant d’huiles qu’il y a d’oliveraies », sachant que chaque huile est reliée à un champ familial pétri de « valeurs qui remontent à loin »...

Cédric Casanova.
Photo : Maud Bernos, http://www.maudbernos.com/

Autre portrait : Philippe Alléosse, maître artisan fromager et affineur rue Poncelet à Paris 17e. Un « artisan du temps » qui affine ses fromages dans quatre caves différentes, chacune correspondant à un type de fromage : les pâtes dures ou pressées (Comté, emmental, beaufort), les croûtes fleuries (Brie, Saint-Marcellin), les croûtes lavées grâce à des bains (Curé nantais, Epoisses, Maroilles), et la cave à chèvres...

Philippe Alléosse.
Photo : Maud Bernos, http://maudbernos.com/

Autre portrait, celui de Déborah Neuberg, une jeune diplômée (HEC + IFM) qui a monté De Bonne Facture, qui propose un « vestiaire masculin » (pulls, chemises, cravates…) au style « essentiel » plutôt que simplement classique. L’entreprise fédère des ateliers de tradition française : une chemiserie dans le Gâtinais, une entreprise de maille bretonne à Quimper, un atelier de confection de pantalons dans l’Indre, une bonneterie à Troyes… Il s’agit d’insister sur la notion de « made by »/« fabriqué par » en mettant en valeur le travail de l’atelier, « avec sa patte, son histoire, son savoir-faire transmis de génération en génération ». Les ateliers sont en effet sélectionnés selon plusieurs critères : « des ateliers familiaux, avec un haut niveau de qualité, un savoir-faire spécifique (…) » et une insistance sur la transmission qui « crée une âme, une culture de la fabrication »… Deborah Neuberg exerce également le rôle de directrice artistique pour proposer une offre cohérente. « Je préfère le terme de vestiaire à celui de collection, car il y a l’idée d’un vestiaire comme une bibliothèque ».

Deborah Neuberg.
Photo : Maud Bernos, http://www.maudbernos.com/

Tiphaine Illouz présente enfin (mais cette galerie de portraits ne va pas cesser de s'enrichir) Thomas Lehoux, un « sommelier du café » qui a ouvert un établissement de dégustation rue de la Grange-aux-Belles à Paris (Ten Belles). Ce « barista » expert en café se fournit auprès de producteurs de grands crus, « récoltés à la main, issus de terroirs spécifiques, avec des rendements moindres et une qualité aromatique exceptionnelle». Très attentif à la torréfaction de ses cafés, il porte un soin particulier à ce que celle-ci ne soit pas « trop légère » (au risque de ne pas développer suffisamment tous les arômes des grains), ni « trop brûlée », ce qui conduit régulièrement à des cafés amers, développant des « arômes de pain grillé, caoutchouc, et cendres »… Une bonne torréfaction est « claire », et fait ressortir des arômes acidulés et fuités, loin des « émulsions superlatives » provoquées par ces mauvais cafés dont on sait qu'ils peuvent produire « une sorte de vivacité nerveuse qui ressemble à de la colère », ainsi que l'écrit Balzac dans son Traité des excitants modernes (1839).

Thomas Lehoux.
Photo : Maud Bernos, http://www.maudbernos.com/

 

 

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